Revue de presse

Articles par thème :

  • La compositrice saluée par la presse
  • Nos concerts vus par la presse
  • À propos du disque d’Edna Stern, « Hélène de Montgeroult » chez OrchidMusic, 2017
  • À propos du disque de Sophie Rosa et Ian Buckle, « Montgeroult / Viotti / Weber / Mendelssohn chez Rubicon, 2021
  • À propos du livre Hélène de Montgeroult – La Marquise et la Marseillaise de Jérôme Dorival, éditions Symétrie
  • À propos du double CD de Nicolas Horvath, Hélène de Montgeroult, complete piano sonatas (Télérama, 9 février 2022, voir ci-dessus)
  • À propos du disque de Clare Hammond, études d’Hélène de Montgeroult chez Bis records. Lire aussi une sélection d’articles sur cet album sur le site de l’interprète.

La compositrice saluée par la presse

La redécouverte d’Hélène de Montgeroult suscite l’enthousiasme de la presse depuis les années 2000. En voici un aperçu.

Émissions sur France Musique :

Le 27 août 2023 : « Hélène de Montgeroult, l’avant-gardiste »

Autres émissions sur France Musique

Extraits d’articles de presse :

– Ses œuvres troublent par leur beauté ardente… (Dominique Dubreuil, Plumart, Juillet 2006)
– Treize pièces de piano qui sont de véritables bijoux, souvent visionnaires… (Radio
Notre-Dame, Père Claude Ollivier 29/11/2006)
– Une redécouverte majeure… une pionnière avisée, rebelle, farouche, indiscutablement attachante (Camille de Joyeuse, classiquenews, 25/12/06)
– Une pure merveille. A ne pas manquer ! (Robert-Yves Quiriconi Associated Press
26/12/2006)
– C’est que cette musique chante… C’est que cette musique est très expressive… Cela est très étonnant et de toute beauté (Jean-Marc Warszawski 26/12/2006,
www.musicologie.org)
– Une musique inspirée, colorée, sortie de nulle part et pourtant fondatrice (Jean-Luc Macia La Croix, 13/14 janvier 2007)
– Une artiste novatrice, sensible et inspirée… (Jérôme Bastianelli Diapason, janvier 2007)
– Il y a chez cette audacieuse femme un art de l’imprévu, un dynamisme rythmique,
mais aussi une densité (S. Falcinelli, L’Éducation musicale, mars 2006)
– La production d’Hélène de Montgeroult étonne par son caractère résolument
novateur (Alain Cochard, Concertclassic mars 2009)
– Il est vraiment déconcertant qu’elle ait été oubliée […] Et l’étude en ut mineur de
Chopin paraît moins révolutionnaire après avoir entendu l’Étude n ° 107 de
Montgeroult, qui l’anticipe de 20 ans (Guardian, 26/01/2017)
– Et si le père de l’école pianistique française était… une mère ? [Ses] nombreuses
études sont potentiellement fondatrices pour tout le piano romantique (Thierry
Hillériteau Le Figaro, 10/02/17)
– Sa musique s’inscrit durablement dans l’oreille… Edna Stern fait de chaque œuvre
une révélation (Pierre Gervasoni Le Monde 15/02/17)

Jazzyjez, 9 août 2015 :

« If you happened to hear Fantasie en Sol Mineur by de Montgeroult, you might well assume it was one of the great piano works of Schubert: but de Montgeroult was born thirty years before the romantic master! It is surprising enough to discover that Schubert’s work was not as original as you thought: sadly it is all the more surprising to find that de Montgeroult was a woman, Helene.
Given the extraordinary quality of music in this playlist of female composers, I am forced to conclude that only social constraints have meant that not one of them is a household name. »


Traduction : « Si vous avez entendu la Fantaisie en Sol Mineur de Montgeroult, vous pouvez bien supposer qu’il s’agit d’une des grandes œuvres pour piano de Schubert : mais Montgeroult est née trente ans avant le maître romantique ! Il est assez surprenant de découvrir que l’œuvre de Schubert n’était pas aussi originale que vous le pensiez : malheureusement, il est d’autant plus surprenant de découvrir que de Montgeroult était une femme, Hélène.
Compte tenu de la qualité extraordinaire de la musique dans cette liste de lecture de compositrices, je suis obligée de conclure que seules les contraintes sociales ont fait qu’aucune d’entre elles n’est un nom familier. »

Émissions de radio (5 heures consacrées à Montgeroult sur BBC 3)
5 émissions d’une heure en langue anglaise sur BBC 3, présentées par Donald Macleod, avec diffusion de beaucoup de morceaux d’Hélène de Montgeroult :

BBC radio 3, 11 juillet 2022
Donald Macleod présente Hélène de Montgeroult et diffuse les études, en 5 émissions de 59 minutes : études n°66, 106 (Laurent Martin), 2ème sonate (Nicolas Horvath), Sonate n° 7, 1er mouvement par Hilewaki Takenuci, sonate n°6 avec violon 2ème mouvement (Ian Buckle et Sophie Rosa), étude n°38 par Clare Hammond, avec un interview de celle-ci.
12 juillet 2022 Présentation de Donald Macleod et diffusion des études n° 65, 17, 55, 19 (Edna Stern), de la sixième sonate (1er mouvement) par Ian Buckle et Sophie Rosa, de la neuvième sonate (les 3 mouvements, par Nicolas Horvath), de l’étude n°107 (Clare Hammond !) et de la troisième sonate (Hilewaki Takenuci).
13 juillet 2022 Présentation de Donald Macleod et diffusion de l’études n° 114 (par Bruno Robilliard), de la quatrième sonate (par Nicolas Horvath), du Thème varié dans le genre moderne (par Edna Stern), de la septième sonate, mouvements 2,3 et 4 (par Hilewaki Takenuci), des étude n°82, 104 et 74 (par Clare Hammond).
14 juillet 2022 Présentation de Donald Macleod et diffusion des études 26 (Ian Buckle) et 73 (Luca Chiantore), des fugues n°1 (Edna Stern) et n°3 (Bruno Robilliard), des études n°110 et 112 (2ème mouvement) par Nicolas Stavy, de la sixième sonate en la (mineur) par Nicolas Horvath (piano seul, 3 mouvements), et de l’étude n°106 (par Clare Hammond).
15 juillet Présentation de Donald Macleod et diffusion de l’étude n°62 (Clare Hammond), de la fantaisie en sol mineur (Bruno Robilliard), de la cinquième sonate (Nicolas Horvath), exemples joués par Clare Hammond (études 21, 110) des études n°112 (1er mouvement par Nicolas Stavy) et 111 (par Clare Hammond).


Vous pouvez les écouter grâce aux liens suivants :

Épisode 1: Noble Beginnings

Épisode 2: The Revolution Rumbles

Épisode 3: Get out of Jail Card

Épisode 4: Behind Closed Doors

Épisode 5: Unsilenced

Nos concerts vus par la presse

– Article de Louis Gohin, journaliste, sur le concert-lecture du 23 septembre 2018

Le Parisien, article de Marie Persidat du 1er octobre 2022 sur le concert de Clare Hammond dans le cadre du Festival baroque de Pontoise

À propos du disque d’Edna Stern, « Hélène de Montgeroult » chez OrchidMusic, 2017 :

Presto classical 15/01/17
« Imaginez un compositeur, une femme, vivant à l’époque classique de la fin du XVIIIe siècle en France. Son pays est déchiré par une terrible révolution et de grandes idées révolutionnaires. Il est étonnant que la France, qui a produit de grands compositeurs à travers l’histoire de la musique, ne parvienne pas à produire une grande figure pendant les temps classiques. Ou peut-être qu’il a et nous ne savons pas à ce sujet. Il est difficile de ne pas voir les similitudes entre l’Etude révolutionnaire de Chopin et l’Etude n ° 107 de Montgeroult, ou entre la pièce d’ouverture, la Fugue en fa mineur et la Fugue Op.35 / 1 de Mendelssohn. Hélène de Montgeroult écrivit et publia toute sa musique entre 1795 et 1812, avant ou juste au moment où Chopin et Mendelssohn sont nés. Il convient que les idées d’égalité de la Révolution française coïncident avec la vie d’une grande compositrice. Il convient que son importance et son influence dans l’histoire de la musique soient reconnues et que la surveillance soit corrigée. »


– 4 / 5 stars The Guardian 26/01/17 :
« L’histoire raconte que Hélène de Montgeroult, aristocrate du Paris révolutionnaire, fut amenée devant le Comité de salut public mais se sauva en s’asseyant au piano et en faisant des variations impressionnantes sur La Marseillaise. Que cela soit vrai ou non, il est vraiment déconcertant qu’elle ait été oubliée. Première professeure féminine au Conservatoire de Paris, elle fut aussi, comme le révèlent les recherches de Jérôme Dorival, un compositeur prolifique dont la musique surprenait souvent de son temps. Sa Neuvième Sonate ainsi que douze de ses nombreuses Études, et quelques variations pleines d’imagination, sont jouées ici avec chaleur et équilibre par Edna Stern sur un piano historique de Pleyel. Ces Études rapprochent un contrepoint rigoureux et une invention rhapsodique, parfois en même temps: L’étude N° 37 est comme le Prélude de C majeur de Bach, réimaginé par Schumann. Et l’étude en ut mineur de Chopin paraît moins révolutionnaire après avoir entendu l’Étude n ° 107 de Montgeroult, qui l’anticipe de 20 ans.

Sunday Times 05/02/17 :
« Une personnalité musicale singulièrement personnelle. Douze études séduisantes, un beau Thème varié dans le genre moderne et une fugue en fa mineur peu sévère complètent le récit révélateur et affectueux de Stern, donné sur un Pleyel 1860 au timbre argentin. »

Records International catalogue février 2017
« Enfant prodige née à Lyon, Montgeroult épousa un marquis qui se mit alors à la Révolution à laquelle elle survécut en improvisant au piano sur La Marseillaise devant le Comité de Salut public. Elle a été la première femme professeur à être nommée au Conservatoire de Paris (1795) et elle a écrit neuf sonates de piano publiées (apparemment) pendant cette décennie.Les notes sont intitulées « Plagiat par Anticipation », un titre parfait puisque vous entendrez ici beaucoup de musique qui sonne comme celle de compositeurs qui ne sont pas encore nés ou qui étaient des enfants quand Montgeroult les a écrit – Chopin, Schubert et Schumann en particulier – anticipant aussi le renouveau des romantiques d’intérêt pour Bach. Edna Stern (piano de 1860 Pleyel). »

International Piano 42 March-April 2017 The ill tempered clavier :
« Le dernier exemple vient d’un magnifique nouveau disque sur le label Orchid Classics avec la musique d’Hélène de Montgeroult (1764-1836). Elle est née Hélène de Nervo, à Lyon, dans une famille aristocratique – déjà un handicap si vous vouliez être prise au sérieux en tant que musicien, car toute personne de noble descendance avait l’interdiction de donner des concerts publics ou d’être publiée sous son propre nom. C’était était une enfant prodige, mariée à vingt-quatre ans au marquis de Montgeroult, âgé de 48 ans ; elle a été capturée par des soldats autrichiens, puis relâchée (contrairement à son mari qui est mort), est retournée à Paris seulement pour y être emprisonnée. Son biographe, Jérôme Dorival, révèle qu’elle doit sa liberté à ses improvisations sur La Marseillaise devant le Comité de la Sécurité publique. Elle devient ensuite la première femme professeur au Conservatoire de Paris (1795) et publie trois séries de trois Sonates, dont une est incluse dans le nouveau CD. Son œuvre majeure a été le Cours complet pour l’enseignement du piano écrit entre 1788 et 1812, publié en 1816 et qui s’étendait sur plus de 700 pages, dont 115 Etudes. Dorival affirme que Montgeroult est «le chaînon manquant entre Mozart et Chopin» et, bien qu’il s’agisse d’un point théorique, il est difficile de croire que Chopin n’était pas familier avec ses études. Celle qui porte le n ° 107 en ré mineur a des similitudes frappantes avec la célèbre étude révolutionnaire de Chopin en ut mineur. Chapeau à Edna Stern pour son beau jeu et nous permettant d’entendre la musique de cette figure intrigante. »

Classical Music Magazine :
« Hélène de Montgeroult est sauvée de l’obscurité par Edna Stern sur Orchid Classics. Hélène de Montgeroult faisait face à des obstacles de classe et de genre – les aristocrates étaient interdits de représentation publique dans la France prérévolutionnaire, mais elle fut la première femme professeure à être nommée au Conservatoire de Paris. Et, comme le montre la pianiste Edna Stern dans son enregistrement sur Orchid Classics, elle était incroyablement presciente de Chopin et de Schumann. Ici l’obscurité est encore plus étonnante étant donné l’ampleur de sa créativité, Stern dit: «Il y a neuf sonates, 114 études, fugues et fantaisie – il s’agit d’environ 700 pages en trois volumes. Elle écrit différemment de tous les compositeurs classiques, 30 ans avant son temps. Les gens qui établissent une nouvelle mode sont généralement bien connus.Elle semble avoir été consciente de l’adoption d’un nouveau style, dit Stern, mais tandis que les compositeurs composaient l’innovation dans les études pédagogiques, Montgeroult était contre le fait de jouer mécaniquement. Dans ses études, elle parle constamment du lyrisme et de la beauté de la ligne, et la difficulté technique ne doit pas obscurcir l’expressivité. Le style de transition de Montgeroult a conduit Stern à choisir un piano Pleyel de 1860 du Musée de Paris pour enregistrer la neuvième sonate et 12 études. Son désir d’enregistrer quelques-unes des œuvres de Montgeroult pour piano et orchestre devront attendre- elle est au milieu de l’enregistrement d’un cycle de sonate Beethoven pour le label Luna. »

The Times’ review :
« Un lien entre Mozart et Chopin, affirme la notice : C’est possible, mais la Sonate n ° 9, op 5, de Montgeroult, musicienne rescapée de la justice révolutionnaire française et première professeure au Conservatoire de Paris, suggère aussi un profil musical singulièrement personnel. Douze études captivantes, un beau Thème varié dans le genre moderne et une fugue en fa mineur loin d’être froide, complètent le récital-révélation et plein d’engagement de Stern, donné sur un Pleyel 1860 au timbre argentin. »

Presto Classical by David Smith. 8th March 2017 :

« Hélène de Nervo de Montgeroult n’est pas le plus connu des compositeurs – en effet peu de gens ont entendu parler de ses œuvres ou même connaissent son nom. Pourtant, comme le démontre amplement un nouvel album d’Edna Stern, elle était un compositeur progressiste et distinctif qui semble avoir préempté bon nombre des idées plus tard popularisées par Chopin et Mendelssohn.J’ai parlé à Edna de cette figure mystérieuse, de son influence sur d’autres compositeurs et de l’intérêt d’explorer des liens inconnus dans la chaîne de l’évolution musicale.

À ce jour, la plupart de vos CD ont été de compositeurs assez traditionnels – Chopin, Bach, Mendelssohn et autres. Où avez-vous d’abord eu l’idée de mettre cet album ensemble ?

L’interprétation et / ou la performance sont toujours à la fois évolution et révolution. En abordant un morceau de Bach, dit la Chaconne ou les Partitas, je suis confronté à une longue histoire d’interprétations. Lors de l’enregistrement de l’Appassionata de Beethoven, je ne suis pas seulement à mettre des notes à son – comme un robot peut bientôt être en mesure de le faire – mais de l’expliquer et de le faire vivre dans le langage de la musique. Mais je ne peux pas le créer de la même manière que l’interprétation magistrale de Gilels, ou celle d’Yves Nat – sinon pourquoi suis-je nécessaire? Jouer le répertoire de base est un défi, une compétition avec une longue lignée de grands du passé. L’enregistrement d’un compositeur inconnu entraîne un ensemble de défis différents. D’une part, il semble plus facile, comme il n’y a pas le poids des interprétations passées – mais de l’autre, l’auditeur n’a jamais entendu parler de cette personne. Il y a un défi d’apporter quelque chose de complètement nouveau à vivre. Comment doit-on jouer un compositeur comme Mongeroult ? Nous n’avons même pas un paradigme d’époque pour elle, comme le romantisme ou le classicisme.C’est facile, bien sûr, de jouer les notes; Mais apporter la vie, une vie significative, est un défi. Permettre aux œuvres de Mongeroult d’être présentées au même niveau que celles des grands compositeurs connus nécessite une compréhension et un transfert des éléments uniques de son génie. Personnellement, je sens que j’ai besoin de comprendre sa vie et son temps, son langage musical et sa place dans l’histoire, afin de lui faire vivre dans notre période actuelle à un public contemporain.J’ai découvert la musique de Mongeroult il y a trois ans quand on m’a demandé de jouer sa neuvième sonate lors d’un concert. J’ai été surprise par ce grand travail d’un compositeur dont je n’avais jamais entendu parler et que je voulais porter à l’attention des gens. Je dois avouer que j’ai aussi bien accueilli le défi de montrer aux gens sa grandeur et de faire naître une période musicale entre le classicisme et le romantisme.

La notice de cet album font référence à la «redécouverte» de la musique de Montgeroult. Est-ce un cas de découverte littérale (trébucher sur un manuscrit inconnu, etc.), ou plus d’une réhabilitation de quelqu’un dont la musique a été simplement oubliée plutôt que perdue ?

Nous attendons toujours la découverte littérale, car ses manuscrits n’ont jamais été trouvés. Sa musique a été imprimée plusieurs fois dans les trois volumes qu’elle a intitulé sa Méthode. Elle était encore très appréciée par un cercle de pianistes et de pédagogues en France environ 50 ans après sa mort, mais plus tard totalement oubliée.En outre, elle a publié toutes ses pièces en 1816 et a encore vécu pendant encore vingt ans. On ne sait pas si elle a composé dans ces deux dernières décennies, et le fait qu’elle est une femme rend les investigations musicologiques très difficiles.

La similitude entre ces études et celles de Chopin est si frappante qu’elle est presque suspecte. Pensez-vous que le travail de Montgeroult a exercé une influence sur la génération de virtuoses pianistes-compositeurs qui sont venus après elle ?

D’un point de vue musical, il semble évident que Chopin, Mendelssohn et Schumann étaient très familiarisés avec son travail. Cependant, il n’y a aucune preuve écrite sur le sujet, puisqu’ils ne la mentionnent nulle part. Il est possible que Montgeroult comprenne simplement dans quelle direction souffle le vent au début du XIXe siècle. Elle comprenait le goût futur que les romantiques avaient pour la forme miniature, leur besoin d’impression, leur amour de la virtuosité, et elle y réagissait.Elle orientait ses compositions dans la direction dans laquelle elle croyait; La direction de la poésie, l’expression, la beauté de la ligne de chant, en donnant (encore une fois) de l’importance à Bach. Bach est très présent dans ses œuvres – dans la façon dont elle utilise les Chorals, dans la polyphonie de son écriture, et le retour à sa forme préférée, la fugue.Ce serait peut-être une coïncidence que ce soit exactement ce que Mendelssohn, Schumann et Brahms feraient plus tard. Il est possible que le dix-neuvième siècle leur réveille un intérêt analogue; Cependant, je trouve plus probable qu’ils connaissent ses compositions. Vous devez également garder à l’esprit que les artistes et les gens en général omettent de donner le crédit à ceux dont ils ont emprunté / copié le plus.

Montgeroult comble évidemment une lacune importante dans l’histoire de cette période, mais là où il y a un compositeur négligé, il peut y avoir beaucoup plus; Pensez-vous que l’image conventionnelle de l’évolution de la musique classique occidentale pourrait avoir d’autres lacunes et inexactitudes tout aussi importantes que nous ne connaissons pas encore ?

Une perspective qui me semblait fascinante (et qui m’a séduit à faire cet enregistrement), c’est qu’elle a suivi l’album que j’ai sorti en 2013, appelé Piano des Lumières, dans lequel j’ai enregistré de la musique de Bach, Galuppi, CPE Bach, Haydn et Mozart. Je cherchais alors à comprendre ce qui se passait entre Bach et Mozart – comment les compositeurs classiques précédant Mozart ont traité le rejet du style baroque quand le style classique n’existait pas encore et à un moment où il n’y avait pas de paradigme de structure. Avec Hélène de Montgeroult nous sommes confrontés à une question similaire, seulement cette fois entre le style classique et le style romantique.On entend habituellement de la musique classique, surtout pour le piano, à travers des pièces et des compositeurs représentant un paradigme connu – le baroque et le Bach, le classique et le Mozart, etc. Mais il est plus difficile de transmettre et d’apprécier la musique où le paradigme n’a pas été fixé Et ne nous est pas connu. Comment une pièce de CPE Bach sonne-t-elle, ou Haydn, ou Galuppi, ou Montgeroult ? Il est difficile d’entendre un nouveau langage musical.Ce qui est également intéressant, c’est la façon dont ces paradigmes et ces tremplins changent avec le temps. Je me souviens d’avoir parcouru un vieux livre publié à la fin du XIXe siècle, dans lequel l’écrivain a fait un point d’énumérer les grands compositeurs du début du siècle, en commentant ceux qui sont encore joués à l’époque (cinquante ans plus tard) Et prédire ceux qui disparaîtraient et ceux qui reviendraient. J’ai été surpris de lire que Chopin a été décrit comme l’un des compositeurs qui avaient disparu au moment où le livre a été écrit: l’écrivain prédit que la musique de Chopin serait populaire à nouveau dans quelques années ! »


BBC Music Magazine 23/03/17
« Hélène de Montgeroult n’était rien sinon ingénieuse. Emprisonnée dans Paris révolutionnaires, l’aristocratique pianiste-compositrice (1764-1836) improvisa sur La Marseillaise devant le Comité de salut public et gagna sa liberté – au moins c’est comme ça que l’histoire se passe. Ce qui est certain, c’est que Montgeroult est devenue la première professeure au Conservatoire de Paris, Et à publier neuf sonates ainsi l’influent Cours complet pour l’enseignement du pianoforte (1816), mettant en vedette 114 études.
Quand vous écoutez le disque si séduisant d’Edna Stern de la musique de Montgeroult, il est impossible de ne pas se demander comment elle a été si négligée.

Voici un esprit créatif richement imaginatif, imprégné des gloires contrapuntiques de JS Bach comme, disons, Mendelssohn, anticipant même sur Chopin, comme l’indique le chercheur Jérôme Dorival dans ses notes du livret…. Stern, interprétant un Pleyel de 1860, domine les enregistrements de Bruno Robilliard et Nicolas Stavy pour la couleur, le style et le panache. Les textures scintillent dans l’Etude n ° 37, la mélodie parle éloquemment dans l’étude n ° 26 et dans l’étude n° 107 en ré mineur : les nuances de l’Etude révolutionnaire de Chopin sont rendues évidentes. »

Pianist Magazine :

« Les partitas de Bach enregistrées par Edna Stern pour Orchid classic aussi parfumée que bien équilibrées, ont divisé les auditeurs entre les points de vue traditionnels puristes et romantiques : j’ai trouvé une joie étonnante et souriante dans son jeu, comme je le fais, malgré un minutage moins généreux (53 minutes) mais ajoutant un lien historiquement précieux progrès et manquant entre Beethoven et Chopin. La vie et la carrière d’Hélène de Montgeroult (1764-1836) sont extraordinaires en soi : cette élève de Clementi, Dussek et Reicha a échappé à la guillotine en improvisant des variations sur la Marseillaise devant les hommes qui ont dirigé le règne de la terreur ; elle est devenue le premier professeur de piano féminin au Conservatoire de Paris. Sa musique n’est pas moins frappante, même les 114 études de sa Méthode: librement rapsodiques, que jamais le propos didactique n’abaisse, elles feraient une alternative splendide si Czerny vous tombe des mains. Sur un instrument Pleyel de 1860, Stern présente 12 d’entre elles à côté de la neuvième Sonate beaucoup plus importante et d’un ensemble de variations Mozartien. » PQ Peter Quantrill

The Gramophone 24 mars 2017 :
« Je ne dis pas que toute sa musique est l’œuvre d’un génie inconnu, sur la preuve de ce disque, mais elle est pour le moins une voix fascinante et intrigante pour le clavier. […] Son biographe, Jérôme Dorival, estime que Montgeroult est «le chaînon manquant entre Mozart et Chopin». Un point discutable, mais essayez la troisième de ses trois sonates op. 5, publiées en 1811 [1805] et cela devient une déclaration raisonnable. En tout cas, Chopin doit sûrement avoir connu son magnifique opus, le Cours complet pour l’enseignement du pianoforte (plus de 700 pages, dont 114 Études, publié en 1816), et, en particulier, l’Étude n ° 107 en ré mineur, un banc d’essai [?] pour cette étude Révolutionnaire.Ici et ailleurs, la musique de Montgeroult souffre de ce que Dorival appelle bien « plagiat par anticipation » et elle a sombré dans l’oubli peu de temps après sa mort.

Edna Stern mérite les plus grands éloges pour la ressusciter, et a les doigts qui coulent et la musicalité sensible, nécessaire pour en tirer le meilleur. Cela vaut bien la peine de connaître la sonate et plusieurs des 12 Études qu’elle a choisies sont très belles. »

À propos du disque de Sophie Rosa et Ian Buckle, « Montgeroult / Viotti / Weber / Mendelssohn chez Rubicon, 2021 :

Sophie Rosa et Ian Buckle, un duo et une redécouverte : Hélène de Montgeroult

Crescendo Magazine, 24 février 2021 :

Sonates de Montgeroult, Viotti, Mendelssohn et Weber.  Sophie Rosa, violon et Ian Buckle, piano. 1 CD Rubicon.  RCD1056

« La violoniste Sophie Rosa et le pianiste Ian Buckle nous proposent la première au disque de la sonate d’Hélène de Montgeroult, compositrice française oubliée. Cette partition est mise en regard avec des oeuvres contemporaines de Viotti, Mendelssohn et Weber pour cet album Rubicon. Crescendo Magazine, qui aime particulièrement ce qui sort des sentiers battus, vous propose une rencontre avec ces deux interprètes. 

Votre nouvel enregistrement présente des œuvres de Viotti, Weber, Mendelssohn et Montgeroult. La grande découverte de votre disque est le premier enregistrement au monde de la Sonate d’Hélène de Montgeroult. Que pouvez-vous dire de cette compositrice ? Comment pouvez-vous définir son style ? Quelle est sa place dans l’histoire de la musique ? 

Montgeroult était à Paris à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle et, à son époque, elle était très appréciée en tant que pianiste, professeur et compositrice. Sa contribution la plus influente en tant que compositrice est un livre de 114 Etudes de piano publié en 1816 dans le cadre de sa méthode d’enseignement, le Cours complet pour l’enseignement du forte-piano. 
Dans ce volume, elle a considérablement influencé le cours du piano et de la composition pianistique à l’époque romantique, en anthologisant et, dans de nombreux cas, en inventant un grand nombre d’idiomes, de gestes et de figures qui seront associés aux compositeurs romantiques ultérieurs. Elle était convaincue que le piano était capable d’un jeu soutenu et expressif, même sur les instruments pionniers de l’époque ; et elle est une figure centrale dans l’orientation des tendances de la composition pour piano vers un style bel canto. En résumé, sa mission, comme l’indique la préface du Cours complet, était de « faire chanter le piano ». 

Comment avez-vous redécouvert cette compositrice ? 

Je joue les études de piano de Montgeroult en concert depuis de nombreuses années et je les utilise également lorsque je travaille avec mes étudiants car elles offrent un équilibre parfait entre les défis techniques et musicaux. Après avoir regardé ce qu’elle avait écrit d’autre, j’ai été surpris et ravi de voir que l’une de ses neuf sonates pour piano propose un accompagnement optionnel au violon. J’ai donc demandé à Sophie si elle voulait bien la jouer avec moi. Nous l’avons vraiment appréciée et nous avons pensé que nous pourrions essayer.

Comment avez-vous conçu ce programme ? 

Ayant décidé que nous voulions enregistrer le Montgeroult, et en regardant de plus près son parcours, nous avons appris que Montgeroult et Viotti collaboraient fréquemment en duo et qu’il semblait naturel de mettre leurs musiques ensemble. Le style propre à Viotti s’était développé à la lumière des développements de la fabrication des archets, une nouvelle virtuosité colorant son penchant pour les lignes de chant italiennes. Nous avons ensuite suivi le fil et constaté que les jeunes Felix et Fanny Mendelssohn avaient pris des cours de piano et de musique de chambre avec des protégés de Montgeroult et Viotti, et qu’ils avaient été influencés par ces deux musiciens à un stade crucial de leur développement. La Sonate de Mendelssohn sur notre album représente à bien des égards une synthèse des innovations de Viotti et Montgeroult -une pièce lyrique et contemplative d’une étonnante maturité pour un compositeur de 14 ans. La pièce de Weber est dans notre répertoire depuis un certain temps, et son inclinaison légère sur le médium sonate donne une belle fin de programme optimiste. 

Comment les différentes œuvres de votre album reflètent-elles l’évolution de la composition pour violon et piano ?

L’un des thèmes-clés de l’album est l’idée d’accompagnement. Dans les œuvres de Mendelssohn et de Weber, nous avons les premiers exemples de la sonate romantique en duo qui a atteint sa maturité : les instruments sont des partenaires égaux, chacun jouant un rôle de soliste ou d’accompagnateur en constante évolution au fur et à mesure que le récit musical se développe. D’autres pièces se réfèrent à des modèles classiques antérieurs avec une hiérarchie plus clairement définie. Dans le Montgeroult, nous avons une sonate complète pour piano seul, avec une partie optionnelle pour violon, à la manière des Sonates pour clavier avec violon de son professeur Dussek ; le violon apporte principalement une texture et un commentaire plutôt qu’une voix mélodique indépendante. En revanche, la Viotti se rapproche encore plus du baroque -ici, le compositeur nous donne une partie de violon solo entièrement écrite, avec l’ajout seulement d’une ligne de basse de soutien au-dessus de laquelle le pianiste improvise l’accompagnement. 

Quand on lit sa biographie, on se rend compte qu’en plus d’être compositrice, Montgeroult est attachée à son temps. Est-elle un modèle pour nous ? 

Elle a été la première femme professeur de piano au Conservatoire de Paris lors de sa création en 1795, et elle était très engagée dans son enseignement. Dans le Cours complet, elle nous a donné l’une des œuvres pédagogiques les plus importantes pour le piano – dès sa publication, elle a été immédiatement adoptée dans toute l’Europe, et elle informe encore aujourd’hui sur notre façon de jouer et d’enseigner.

Avez-vous déjà des projets pour d’autres redécouvertes ? 

Nous nous penchons actuellement sur l’intéressant répertoire anglais des quelque 100 dernières années et nous publierons un assortiment d’une demi-douzaine de miniatures en vidéo dans le courant de l’année.

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

BBC Radio 3, 22 février 2021 :
Interview de Ian Buckle et Sophie Rosa par Kathie DerhamDiffusion de la sonate en Mi majeur de Viotti, de la sonate en la mineur de Montgeroult, de la sonate en fa mineur op. 4 de Mendelssohn.


The Guardian, 4 mars 2021 :

Erica Jeal sur Sophie Rosa & Ian Buckle :
« Lorsque les hommes ont écrit l’histoire acceptée de la musique classique, certaines femmes importantes ont été laissées de côté. Dans le cas d’Hélène de Montgeroult (1764-1836), dont la Sonate en la mineur Op 2 No 3 obtient son premier enregistrement sur ce nouveau disque intrigant de la violoniste Sophie Rosa et du pianiste Ian Buckle, l’omission est particulièrement éhontée : des éléments au piano La musique de Chopin et de Schumann qui a longtemps été considérée comme une preuve de l’originalité de ces compositeurs peut être trouvée dans les études qui composent la Méthode complète d’enseignement du pianoforte de Montgeroult – une collection qu’ils ont probablement rencontrée pendant leur apprentissage, écrite par un contemporain de leurs grands-mères.La méthode complète est un trésor – et si la musique de Montgeroult demande une enquête plus approfondie, l’histoire de sa vie aussi. Elle fut la première femme professeur au Conservatoire de Paris, amie de l’auteur Madame de Staël et de l’artiste Élisabeth Vigée Le Brun, et on prétend qu’elle n’a échappé à la guillotine pendant la Révolution française que parce qu’elle a pu jouer du piano devant le Comité de Salut Public, les impressionnant avec une série de variations improvisées sur la Marseillaise.
On prétend que Montgeroult a échappé à la guillotine de la Révolution française parce qu’elle a impressionné le Comité de salut public avec son interprétation au piano d’une série de variations improvisées sur la Marseillaise.

Sa Sonate en la mineur, publiée en 1800, n’est pas une pièce maîtresse pour violon : c’est une sonate pour piano avec une partie de violon facultative, et elle sonne de cette façon même dans une performance aussi convaincante que celle-ci, le violon doublant largement le piano ou fournissant une texture d’accompagnement. Pourtant, la musique est sonore et touchante, en particulier le mouvement lent, qui contient des moments où le violon et le piano se détachent brièvement d’une manière douloureusement belle. Le souci de toute une vie de Montgeroult était de « faire chanter le piano », et il y a une profondeur d’invention qui semble en avance sur son temps – certainement par rapport aux mouvements extérieurs joyeusement minces de la Sonate n° 10 en mi de Viotti, l’ami virtuose du violon de Montgeroult, qui ouvre le disque, ou la petite Sonate en sol de Weber, qui le clôt. Et il tient bon aux côtés de l’œuvre la plus connue ici, la Sonate Op 4 de Mendelssohn. »

– RCD1056 Rubicon, février 2021 : (source indéterminée)

« Hélène de Montgeroult (1764-1836) était l’une des pianistes compositeurs les plus influentes du début du XIXe siècle – ce qui n’est pas une mince affaire à une époque où des personnalités telles que Dussek (son professeur), Hummel, Field, Kalkbrenner, Cramer, Moscheles et le dernier mais non moins Beethoven a dominé le terrain. Un domaine également dominé par les hommes. Ses 114 Études de difficultés progressives de 1816 ont exercé une influence considérable sur des compositeurs tels que Chopin, Mendelssohn (frère et sœur) et les Schumann – Robert et Clara. Montgeroult était également un partenaire régulier en duo avec Viotti, le plus grand violoniste-compositeur de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Ils ont voyagé partout en Europe. Elle s’est également associée à Kreutzer et Baillot. De ses neuf sonates pour piano, la 6e de 1800 comporte un accompagnement au violon de la même manière que les « sonates pour clavier et violon » de Dussek. C’est un travail d’énergie agitée et d’harmonies audacieuses. Montgeroult a échappé de justesse à la guillotine à Paris car elle était mariée à un noble autrichien emprisonné. Son habileté à improviser sur une chanson révolutionnaire lui a valu la liberté.

Sophie Rosa et Ian Buckle ont organisé un récital fascinant qui associe la sonate de Montgeroult (qui reçoit son enregistrement en première mondiale) à la 10e sonate de son partenaire Viotti et la précoce sonate en fa mineur de Felix Mendelssohn, 14 ans. Leur récital se termine par la 2e sonate courte et pétillante de Weber écrite pour des musiciens amateurs talentueux. »

À propos du livre Hélène de Montgeroult – La Marquise et la Marseillaise de Jérôme Dorival, éditions Symétrie

Radio RCJ, avril 2021 : https://radiorcj.info/diffusions/invite-de-florence-berthout-fabrice-guedy/

À propos du disque de Clare Hammond, études d’Hélène de Montgeroult chez Bis records


Lire aussi une sélection d’articles sur cet album sur le site de l’interprète, ainsi qu’une interview et une critique du média belge Crescendo.

 Being a female composer, and getting your music performed, was fraught with difficulties until all too recently. To be an aristocrat too added a further complication. A few women broke free, such as Hélène-Antoinette-Marie de Nervo de Montgeroult (1764-1836), eight years younger than Mozart. The British pianist Clare Hammondon Hélène de Montgeroult: Etudes (BIS), has recorded 29 of the composer’s studies, showing that this miniature form has artistic worth, as well as the pedagogic value the name implies.

A French virtuoso fortepianist, Montgeroult became a professor at the new Paris Conservatoire in 1795 and wrote her own piano method. In these études, she forged the way for Felix and Fanny Mendelssohn, and Clara Schumann. Often songlike in the right hand, with turbulent, pulsating left hand accompaniments (as in No 107 in D minor), Montgeroult encapsulates the musical journey from classical to romantic, her artistic compass firmly pointing forward.

Il n’y a pas si longtemps encore, il était très difficile d’être une femme compositeur et de faire jouer sa musique. Le fait d’être aristocrate ajoutait une complication supplémentaire. Quelques femmes se sont libérées, comme Hélène-Antoinette-Marie de Nervo de Montgeroult (1764-1836), huit ans plus jeune que Mozart. La pianiste britannique Clare Hammond, sur Hélène de Montgeroult : Etudes (BIS), a enregistré 29 études de la compositrice, montrant que cette forme miniature a une valeur artistique, ainsi que la valeur pédagogique que son nom implique.

Fortepianiste virtuose française, Montgeroult devient professeur au nouveau Conservatoire de Paris en 1795 et écrit sa propre méthode de piano. Dans ces études, elle a ouvert la voie à Felix et Fanny Mendelssohn, ainsi qu’à Clara Schumann. Souvent chantant à la main droite, avec des accompagnements turbulents et palpitants à la main gauche (comme dans le n° 107 en ré mineur), Montgeroult résume le voyage musical du classique au romantique, sa boussole artistique pointant fermement vers l’avant.

Hélène de Montgeroult – Études

The Times

« tombe sous les doigts de Hammond avec une beauté réfléchie » – Geoff Brown

Deux possibles surprises se cachent dans mon album de la semaine. La première est que la pianiste Clare Hammond, connue pour sa puissance musculaire, peut également toucher les touches comme si elle caressait un chat siamois. La plus grande surprise vient peut-être de la musique : 29 études d’Hélène de Montgeroult, une noble qui aurait évité la prison pendant la Révolution française en émouvant ses juges aux larmes après avoir improvisé des variations sur La Marseillaise. Un poste de professeur au nouveau Conservatoire de Paris a suivi.

En écoutant la simplicité subtile de cette musique (redécouverte pour la première fois dans les années 1990), j’ai moi-même presque versé une larme. Conçues comme des exercices techniques de jeu de mains croisées et autres subtilités, ces pièces révèlent une imagination et une vitalité qui les élèvent facilement à un niveau supérieur.

Pour la musique publiée en 1816 et principalement écrite quelque temps auparavant, elle est aussi aventureuse, liée aux formes classiques mais avec un esprit romantique rappelant des figures ultérieures comme Mendelssohn et Schumann. C’est avant tout une musique de très haute qualité ; et il tombe sous les doigts de Hammond avec une beauté réfléchie qui devrait se faire de nombreux nouveaux amis à la fois pour elle-même et pour le compositeur qu’elle sert si excellemment.

EUROPADISC

« incroyablement étonnant »

Par Mark Audus www.europadisc.co.uk

Si vous avez déjà entendu le nom de la pianiste-compositrice française Hélène de Montgeroult (1764 – 1836) auparavant, c’est probablement parce que BBC Radio 3 lui a consacré son créneau « Compositeur de la semaine » plus tôt cette année. Les enregistrements de sa musique sont rares, ceux qui lui sont consacrés encore plus rares : le nouveau disque de la pianiste britannique Clare Hammond de 29 Études du Cours complet pour l’enseignement du forte-piano de Montgeroult (1816) n’est que le troisième du catalogue actuel. Et pourtant, nous avons ici une musique qui, selon les mots de l’expert de Montgeroult Jérôme Dorival, fournit le « chaînon manquant entre Mozart et Chopin ». Comme le prouve cet enregistrement BIS, loin d’être la bouffée de vente normale, cette affirmation s’avère être juste. Bien que Montgeroult ait moins d’une décennie de moins que Mozart, ses Études – composées entre 1788 et 1812 – sont étonnamment prémonitoires du romantisme de Chopin.
Comment expliquer cette étonnante négligence ? Montgeroult a eu le malheur de naître non seulement femme à une époque où seuls les hommes étaient censés être compositeurs, mais aussi aristocrate (son nom de jeune fille était Hélène de Nervo) à une époque où les demoiselles ne faisaient rien d’aussi vulgaire que de se produire en public. Son propre jeu était limité aux salons de la noblesse, où il était apprécié par un petit groupe de connaisseurs. En 1784, elle épousa le marquis de Montgeroult, mais le début des années 1790 n’était pas une bonne période pour les membres de l’aristocratie française. Alors qu’il tentait de fuir vers Naples en 1793, le couple fut capturé par des soldats autrichiens et le marquis mourut en détention. De retour en France, Montgeroult n’échappe à un sort encore pire aux mains du Comité de salut public qu’en improvisant un ensemble de variations sur la Marseillaise : Le mandat de Montgeroult au Conservatoire a été bref – elle est peut-être partie parce qu’elle a été snobée en faveur d’un collègue masculin moins doué pour écrire le cours de piano officiel de l’institution. Son propre Cours complet, publié en trois volumes, a une portée encyclopédique, avec un grand nombre d’exercices purement techniques (gammes, arpèges, etc.), tous accompagnés de longs commentaires, et culminant dans une étonnante série de 114 Études. Les exemplaires survivants du Cours complet ne sont plus que 24 (celui de son élève JB Cramer en compte 100 fois plus), et ce n’est que depuis les années 1990 – presque entièrement grâce aux efforts dévoués de Jérôme Dorival – que sa production est enfin mieux connue d’un public sélect. groupe de musiciens et, plus récemment, le grand public mélomane.
Clare Hammond a été initiée à la musique de Montgeroult aussi récemment qu’en 2019, et elle a profité de l’occasion offerte par les fermetures de Covid pour faire une étude intensive de la musique du compositeur, recherchant soigneusement l’équilibre idéal entre le ton de chant que Montgeroult appréciait tant (anticipant à nouveau Chopin ) et la richesse des nuances harmoniques et de l’expression accrue. Il y a des indications que les Mendelssohn et les Schumann peuvent avoir été en contact avec l’héritage d’enseignement de Montgeroult au cours de leurs propres années d’études, et la sélection de Hammond de 29 Études – environ un quart de la collection totale – contient de nombreux exemples de l’extraordinaire inventivité de leur compositrice et de la profondeur d’expression. Certaines de ces pièces sont destinées à se concentrer sur le renforcement de la capacité de la main gauche ou droite en particulier.
Plongez-vous dans ce disque à tout moment et vous risquez d’être émerveillé, comme nous, par l’extraordinaire richesse et variété d’expression. Les dernières Études en particulier contiennent de la musique d’une maturité remarquable, comme le n° 106 en si majeur, anticipant les derniers préludes de choral de Brahms, et le n° 110 en la majeur aux allures de nocturne. Il y a des morceaux d’une fugacité étonnante (nos 53, 55, 97 et 107), et d’autres d’une tendresse et d’une profondeur émotionnelle tout à fait remarquables. Le n° 34 en fa majeur est particulièrement charmant, tout comme une variante du même motif dans le n° 36, et l’auditeur est introduit dans la sélection avec les vagues doucement gonflées du n° 37 en sol majeur. Maintes et maintes fois, vous vous surprendrez à vous pincer pour réaliser que ces pièces ne sont pas plus connues. Parmi nos favoris particuliers figurent l’expressivité et les textures schubertiennes du n° 62 en mi bémol et du n° 97 en sol mineur. Mais par-dessus tout, c’est le mariage d’un véritable ton cantabile et d’une sensibilité proto-romantique accrue qui rend cette collection – et les performances de Hammond – si étonnantes et déconcertantes. Nul doute qu’à un moment donné, quelqu’un enregistrera bientôt la collection complète des Études de Montgeroult, mais il est peu probable qu’ils égalent, et encore moins surpassent, l’exploit de Clare Hammond sur ce nouvel album merveilleusement enregistré de BIS. A l’heure où les moindres rebuts de compositeurs grands ou méconnus sont salués comme des découvertes, Hélène de Montgeroult est la vraie affaire : une écoute absolument indispensable, et pas seulement pour les pianistes. 

PIZZICATO

« des interprétations d’une légèreté et d’une sensibilité enchanteresses » — Rémy Franck

Hélène de Montgeroult (1764-1836) est connue pour ses sonates, qui appartiennent à la fin de la période classique et au début du romantisme et sont tout sauf traditionnelles. Non moins audacieuses et tournées vers l’avenir sont ses Études du Cours Compet pour l’enseignement du forte-piano en trois volumes publiés en 1816. En 1795, la pianiste est devenue le premier professeur du nouveau Conservatoire de Paris. Avec un salaire de 2 500 livres par an, elle y figurerait parmi les enseignantes les mieux payées.

Mais elle est aussi entrée dans l’histoire comme une pianiste phénoménale. Le baron Louis de Trémont (1779-1852) disait que tout son talent était orienté vers l’expression et l’art cantabile. Et la pianiste de cet enregistrement, la Britannique Clare Hammond, dit que sa musique est qualitativement comparable à celle de Mendelssohn et Schumann, mais en même temps stylistiquement très avancée. Pas étonnant que ses 114 Études aient été associées à la musique de Schubert, Chopin et même Brahms. 
Clare Hammond accorde donc une grande importance à l’expression et au cantabile, qui sont les principales caractéristiques de ses interprétations d’une légèreté et d’une sensibilité enchanteresses. Et ce faisant, elle aurait certainement satisfait le compositeur qui disait un jour : « Si bien chanter est la plus grande difficulté sur tous les instruments, on pourrait presque désespérer de la surmonter sur le Forte-Piano, qui, privé de la faculté de soutenir les sons, a tout donné au toucher ; mais le sentiment rend ingénieux, et le besoin d’exprimer ce que l’on ressent peut créer des ressources qui échappent à la mécanique. »

Present Arts

« La vraie gloire, cependant, est la dévotion de Hammond à cette musique et son pianisme immaculé. Elle est une pianiste sur mille. » —Simon Mundy

Il y a des disques qui vont instantanément sur la pile de ceux qu’on a envie d’écouter encore et encore, heureusement, en boucle. A première vue, il est surprenant que ce soit l’un d’entre eux.

Jusqu’à ces dernières années, Hélène de Montgeroult était une compositrice qui avait passé un siècle et demi dans l’obscurité, peut-être parce que l’establishment musical de la fin du XIXe et du début du XXe siècle était enveloppé d’une misogynie défensive, peut-être parce qu’elle n’a pas écrit un grand recueil de symphonies. Pour une raison quelconque, sa musique, couvrant la période de Haydn à Chopin, a été négligée, même si elle a été la première femme à être professeur de piano au Conservatoire de Paris. Cela en soi est plus que remarquable car elle a failli être guillotinée pendant la Terreur en tant que veuve d’un diplomate aristocratique. On dit qu’elle a survécu parce qu’elle a eu l’esprit de démontrer sa virtuosité pianistique en improvisant sur la Marseillaise pour les juges.

Elle est devenue une institution vénérée au Conservatoire, enseignant aux pianistes comment prendre le contrôle de l’instrument au fur et à mesure qu’il évoluait du pianoforte jusqu’aux versions modernes, comme les Pleyel et les Érard, qui se sont progressivement normalisées en quelque chose que nous reconnaîtrions comme moderne. En 1816, elle a officialisé sa méthode dans son Cours complet d’éducation sur le pianoforte en trois volumes, une publication que l’on pense que Fanny et Felix Mendelssohn et Clara Schumann connaissaient pendant qu’ils apprenaient. Étant donné qu’elle et Chopin étaient à Paris en même temps, il semble fort probable qu’il connaissait également son travail.

Il y a 114 études seules dans les livres, dont Clare Hammond en présente 29 ici. Bien plus que des exercices, ils montrent la voie vers les œuvres de Chopin dans le genre et, comme le note justement Hammond, se rapprochent beaucoup de l’univers sonore de John Field. Les pièces sont fastidieuses, élégantes et éprouvantes – conçues pour étirer la technique de l’interprète tout en lui apprenant à maintenir une ligne musicale, quel que soit le travail des doigts. Chacun a une description de la qualité particulière que Mongeroult attend de l’étudiant. Ce ne sera pas un choc de constater que Clare Hammond passe ces tests avec une facilité déconcertante. Elle a juste ce qu’il faut de définition implacable, agrémentée d’une sensibilité musicale, pour élever la musique à des kilomètres au-dessus de sa fonction pédagogique. La plupart des pièces ne durent que quelques minutes, mais deux durent plus du double. N° 38 en la mineur est écrit « pour bien associer la chanson à l’accompagnement » et c’est une magnifique mélodie qui pourrait sortir tout droit des Chansons sans paroles de Félix et Fanny. Le n° 89 en la b mineur cherche à travailler sur la difficulté du ton soutenu et propose un essai dans une douce mélancolie romantique au sein d’une structure classique serrée : écriture merveilleuse.
L’enregistrement, réalisé juste avant Noël 2021 par l’équipe BIS en utilisant le studio Nimbus à Wyastone, dans le Monmouthshire, est magnifiquement clair sans être claustrophobe. La vraie gloire, cependant, est la dévotion de Hammond à cette musique et son pianisme immaculé. Elle est pianiste sur mille et on peut se féliciter qu’il y ait encore 85 études de Montgeroult à enregistrer, sans compter le reste de son œuvre. Cela me fait croire aussi que Hammond est peut-être en train de devenir une interprète de premier plan du répertoire du début du XIXe siècle ainsi que des redoutables œuvres contemporaines auxquelles elle a été le plus associée jusqu’à présent. Plus bientôt, s’il vous plaît !

Critiques publiées sur le CD de Clare Hammond

« Plongez-vous dans ce disque à tout moment et vous risquez d’être émerveillé, comme nous, par l’extraordinaire richesse et variété d’expression. Les dernières Études en particulier contiennent de la musique d’une maturité remarquable, comme le n° 106 en si majeur, anticipant les derniers préludes de choral de Brahms, et le n° 110 en la majeur aux allures de nocturne. Il y a des morceaux d’une fugacité étonnante (nos 53, 55, 97 et 107), et d’autres d’une tendresse et d’une profondeur émotionnelle tout à fait remarquables. Le n° 34 en fa majeur est particulièrement charmant, tout comme une variante du même motif dans le n° 36, et l’auditeur est introduit dans la sélection avec les vagues doucement gonflées du n° 37 en sol majeur. Maintes et maintes fois, vous vous surprendrez à vous pincer pour réaliser que ces pièces ne sont pas plus connues. […] Nul doute qu’à un moment donné, quelqu’un enregistrera bientôt la collection complète des Études de Montgeroult, mais il est peu probable qu’ils égalent, et encore moins surpassent, l’exploit de Clare Hammond sur ce nouvel album merveilleusement enregistré de BIS.  (Europadisc)

« La plus grande surprise vient peut-être de la musique : 29 études d’Hélène de Montgeroult […] En écoutant la simplicité subtile de cette musique (redécouverte pour la première fois dans les années 1990), j’ai moi-même presque versé une larme. » (The Times)

« Il y a des disques qui vont instantanément sur la pile de ceux qu’on a envie d’écouter encore et encore, heureusement, en boucle. A première vue, il est surprenant que ce soit l’un d’entre eux. Jusqu’à ces dernières années, Hélène de Montgeroult était une compositrice qui avait passé un siècle et demi dans l’obscurité, peut-être parce que l’establishment musical de la fin du XIXe et du début du XXe siècle était enveloppé d’une misogynie défensive […] La vraie gloire, cependant, est la dévotion de Hammond à cette musique et son pianisme immaculé. Elle est pianiste sur mille et on peut se féliciter qu’il y ait encore 85 études de Montgeroult à enregistrer, sans compter le reste de son œuvre. » (Present arts)

« En 2019, alors que je me produisais en France, j’ai été présentée au musicologue Jérôme Dorival. Il a consacré sa vie à faire revivre la musique d’Hélène de Montgeroult et il m’a montré certaines de ses partitions. J’ai été immédiatement frappée par la grande qualité de cette musique et par la vision de cette compositrice. […] Jérôme l’a décrite comme le « chaînon manquant entre Mozart et Chopin » – je suis entièrement d’accord ! » (Crescendo Magasine)

« Apparemment jusqu’à ce que la prise de conscience et l’appréciation de la stature de l’œuvre de de Montgeroult soient rétablies grâce au travail du musicologue français Jérôme Dorival, elle n’était guère plus qu’une note de bas de page historique peu familière. Hammond remercie Dorival non seulement d’avoir porté cette musique à son attention, mais aussi d’avoir soutenu et guidé son exploration de cet héritage musical remarquable. » (Musicweb international)