Concert le 1er octobre 2023

En partenariat avec le festival baroque de Pontoise, le 1 octobre à 17h dans le salon du château de Montgeroult.

Accès : château de Montgeroult, 9 rue du Fruchot, 95650 Montgeroult.

Train : gare de Montgeroult, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Gisors. Durée du trajet : 56′

Voiture : autoroute A 15, sortie 13. Durée du trajet : environ 40 minutes. 9, rue Fruchot 95650 Montgeroult.

Réservation conseillée auprès du festival : https://www.festivalbaroque-pontoise.fr

 Programme :

Tommaso Giordani (1733-1806) 
Sonate opus 30 No1 for the Pino-Forte or Harpsichord with Obligato Accompaniments for the Flute or Violin, and Viola de Gamba or Tenor Viola
Allegro 

Johann Georg Lang (1724-1798)
Sonata a Gambetta solo con basso 
Andante – Allegro assai – Variationi :Tempo di Minuetto

Joseph Haydn 
Trio Hob XI:68 en la majeur 
Adagio – Allegro di molto – Menuet 

Pietro Pompeo Sales (1729-1797)
Sonate für gambetta & obligates Cembalo
Cantabile con moto

Johann Christian Bach (1735-1782)
 Keyboard Duet opus 18 No 5  
Allegretto – Tempo di Minuetto

Tommaso Giordani (1733-1806)
Sonate opus 30 No3  for the Piano-Forte or Harpsichord with Obligato Accompaniments for the Flute or Violin, and Viola de Gamba or Tenor Viola 
Allegro moderato – Larghetto sostenuto – Allegretto

Aurélien Delage, traverso, pianoforte 
Étienne Mangot, gambetta all’inglese 
Aline Zylberajch, pianoforte 

Un Italien à Londres 
Tommaso Giordani fut un compositeur prolifique dans tous les genres. Natif de Naples, il se produisit dans de nombreuses cours d’Europe avant de s’installer dans les îles britaniques, à Londres dès 1752, puis à Dublin où il s’établira jusqu’à la fin de sa vie en 1806.

Parmi ses oeuvres, les sonates opus 30, publiées en 1782, sont indiquées  « for the Piano-Forte or Harpsichord with Obligato Accompaniments for the Flute or Violin, and Viola de Gamba or Tenor Viola» et peuvent donc être jouées avec une Gambetta all’inglese, instrument magnifique et encore trop rarement joué.

« Quand une des cordes est touchée avec l’archet ou pincée, la corde de laiton ou d’acier qui est en dessous résonne per consensum, vibre et tremble, de sorte que le charme de l’harmonie en est pour ainsi dire augmenté et développé. »
Michael Praetorius, Syntagma Musicum II, De organographia, 1619

Construite à Andenne en 2019 par François Bodart, après de nombreuses années d’expérimentation sur les violes à cordes sympathiques (baryton à cordes, lyra viol), la viole jouée par Étienne Mangot pour ce programme appartient à la famille des instruments « d’amour », utilisés depuis le XVIIe siècle par les compositeurs européens, de la musique religieuse jusqu’à la musique de salon de la fin du XVIIIe siècle. Doté de 15 cordes, cet instrument présente deux jeux : un jeu de viole (six cordes en boyau frottées par l’archet) et un jeu de harpe (9 cordes en acier et en laiton pincées par le pouce de la main gauche). D’une taille intermédiaire entre le « ténor » et la « basse », il est accordé « en sol ». Les cordes de métal résonnent par sympathie aux harmonies produites par la mise en vibration du jeu de viole par l’archet, et peuvent être pincées, ce qui augmente les possibilités polyphoniques de l’instrument.

Ces couleurs et différents timbres s’offrent à nous pour une exploration de cette musique de Giordani qui mérite elle aussi d’être redécouverte. Son expressivité et sa modernité annoncent parfois la première génération romantique. Giordani fut d’ailleurs le professeur du pianiste John Field.

Les archives des princes évêques d’Augsburg recèlent des compositions pour la Gambetta qui en exploitent tous les registres expressifs.
Johann Georg Lang a produit quelques-unes de ces œuvres. Né en Bohême, étudiant à Naples il s’établit plus tard à Augsburg. 
Il a probablement destiné ses sonates aux violistes de la chapelle, réputés pour leur virtuosité. Parmi ceux-ci, Pietro Pompeo Sales compositeur originaire de Brescia, 
Le dernier prince, Clemens Wenzeslaus von Sachsen, lui-même violiste, lui a donné toute liberté de produire ses œuvres en Europe, jusqu’à Londres où il a donné des concerts en 1776. 

Ce programme sera aussi l’occasion d’associer à notre compositeur napolitain deux compositeurs d’origine germanique qui influencèrent grandement le paysage musical londonien de la seconde moitié du XVIIIe siècle : Johann Chistian Bach et Joseph Haydn

Johann Christian Bach, appelé le Bach de Londres, fut actif outre-Atlantique près de vingt années suite à l’invitation de L’épouse du roi d’Angleterre Georges III, Sophie Charlotte de Mecklenburg-Strelitz, qui l’engagea en 1762 comme maître de musique et comme compositeur d’opéras au King’s Theatre.
Il contribua grandement au développement du piano forte qu’il adopta très tôt, notamment ceux construits à Londres par le facteur Zumpe dès les années 1760. Il organisa d’ailleurs des concerts avec son ami Abel durant lesquels ces nouvelles sonorités et nouvelle expressivité faisaient fureur.

Haydn correspondit toute sa carrière avec les éditeurs londoniens pour diffuser son oeuvre. Deux voyages à Londres renforcèrent ces liens en 1791-92 puis 1794-1795.
Il transcrira à Londres certaines pages composées auparavant pour le Prince du Palais d’Esterhàzy, qui jouait du baryton à cordes. Le compositeur et musicologue anglais Charles Burney, rapporte ainsi dans un récit de voyage, qu’il réalisa la partie de violoncelle d’un de ses trios au piano lors de sa visite à Mme Brillon de Jouy à Passy en 1770.

Concert et visite le 8 octobre 2023

Au château de Montgeroult, le dimanche 8 octobre 2023 à 16h30 : concert « Le Chant intérieur ».

Bénédicte Harlé-Jobin au piano Clementi 1801 et Sandrine Buendia, soprano.

Participation libre.

Accès : château de Montgeroult, 9 rue du Fruchot, 95650 Montgeroult.

Train : gare de Montgeroult, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Gisors. Durée du trajet : 56′

Voiture : autoroute A 15, sortie 13. Durée du trajet : environ 40 minutes. 9, rue Fruchot 95650 Montgeroult.

Programme :

6 nocturnes à voix seule accompagnées avec piano Clementi 1801, sur des paroles tirées de Métastase

16 études extraites du Cours Complet pour l’Enseignement du Forte Piano

9e sonate en fa dièse mineur, op.5 n°3.

Ce concert sera enregistré.

Le matin, balade « Agriculture et musique à Montgeroult » dans le cadre des Balades du dimanche du Parc Naturel régional du Vexin Français.

De la vallée de la Viosne au plateau, notre itinéraire nous permettra de rencontrer divers lieux d’activités anciennes et un château. Autant d’occasions pour évoquer la vie des hommes et des femmes, nobles et roturiers, qui vécurent ici dans les siècles passés.

De 9h30 à 11h30. 3,5 kilomètres, environ 50 mètres de dénivelé. 7€, gratuit pour les moins de douze ans. Renseignements et réservation obligatoire pour la balade : 06 84 90 04 97 saintoulmichel@gmail.com

Concert le 7 mai 2023 au profit de l’Unicef

Récital de piano pour grands et petits : « L’enfance, ma muse ! »

Le 7 mai 2023 à 16h30, concert au profit de l’Unicef : Bénédicte Harlé et Philippa Neuteboom joueront seules et à quatre mains sur le thème de l’enfance, Ravel, ma mère l’oie, Schumann scènes d’enfants…

Composé de pièces courtes, le programme est adapté aux familles. Ces morceaux de musique ont été inspirés par l’enfance, parmi les plus belles de ce répertoire, composées en regardant les enfants jouer, rêver, rire, dormir, dans l’insouciance qui est leur privilège et leur droit :

Robert Schumann (1810-1856) – Scènes d’enfants (Bénédicte Harlé-Jobin, Philippa Neuteboom)

Ces airs que l’on reconnait aux premières notes nous parlent non juste de l’enfance, mais de notre enfance à chacun.

Maurice Ravel (1875-1937) – Les Contes de ma mère l’Oye (4 mains)

Autres célébrissimes pages consacrées à l’enfance que ces « contes de ma mère l’Oye », inspirés, entre autres, par l’œuvre littéraire éponyme de Charles Perrault, tels que composés initialement, pour piano à quatre mains.

Hélène de Montgeroult (1764-1836) – Études 1 à 6 et 19 (Bénédicte Harlé-Jobin)

Reconnue en France comme la meilleure pianiste de son temps, Hélène de Montgeroult (1764-1836) fut nommée professeure de piano au Conservatoire en 1795. Voici des études rarement jouées car tirées des premiers chapitres de son Cours Complet pour l’Enseignement du Fortepiano et destinées aux pianistes en herbe, qui n’en sont pas moins inventives et charmantes.

Amy Beach (1867-1944) – Children’s Carnival (Le carnaval des enfants) op 25, extraits, (Philippa Neuteboom)

Musicienne américaine, Amy Cheney fait ses débuts professionnels comme pianiste en 1883. Son « carnaval d’enfants », vous emporte allègrement dans une parade tour à tour bondissante, rêveuse, dansante, toujours charmante où percent les sons et les rythmes de l’Amérique

Georges Bizet (1838-1875) – Jeux d’Enfants, extraits, (4 mains)

L’auteur de Carmen a également composé, en 1871, ces Jeux d’enfants, suite pour piano à quatre mains. Le génie mélodique de l’auteur instille à ces pièces, alternativement, la même grâce et la même fougue que dans ses célébrissimes airs d’opéras.

Bénédicte Harlé-Jobin :  Pianiste, se consacre en particulier, depuis 1996, à la pratique du répertoire du lied, de la mélodie et de l’opéra, à travers son activité de chef de chant au CNSM de Paris. Elle se consacre avec une égale passion à la musique de chambre et se produit en France, en Suisse, en Allemagne et au Japon dans des formations instrumentales variées ainsi qu’en duo chant-piano. Familière du monde de la musique ancienne, elle découvre avec grand intérêt la vie et l’œuvre d’Hélène de Montgeroult, grâce aux travaux du musicologue Jérôme Dorival et propose également régulièrement des concerts et récitals consacrés à l’œuvre de cette compositrice.

Philippa Neuteboom : Pianiste anglo-néerlandaise, Philippa Neuteboom, investie dans la musique d’aujourd’hui, a participé à de nombreuses créations françaises et mondiales à la demande de compositeurs comme Noël Lee, Michel Merlet ou Jacques Boisgallaisqui lui dédie sa 2ème Sonate et dont elle créée la 4ème.  Elle s’oriente également vers la mélodie française. Elle est accompagnatrice à l’Ecole Normale de Paris, professeur et responsable pédagogique de l’école de musique et de théâtre Octave et Arpège à Paris. Elle compte de nombreux duos en sonate avec piano – notamment avec flûte, violon, alto et violoncelle.

Accès : château de Montgeroult, 9 rue du Fruchot, 95650 Montgeroult.

Train : gare de Montgeroult, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Gisors. Durée du trajet : 56′

Voiture : autoroute A 15, sortie 13. Durée du trajet : environ 40 minutes.

Nos projets pour 2023

Le 7 mai 2023, concert au profit de L’Unicef : Bénédicte Harlé et Philippa Neuteboom joueront seules et à quatre mains sur le thème de l’enfance, Ravel, ma mère l’oie, Schumann scènes d’enfants….

Le 17 septembre, selon une tradition maintenant établie, nous renouvellerons les concerts de la journée du patrimoine avec plusieurs jeunes musiciens réunis autour d’Amadeo Castillo hautbois, viole et clavecin, dans la magnifique église de Boissy l’Aillerie.

Le 1 octobre, concert en partenariat avec le Festival Baroque de Pontoise, au programme, pièces du répertoire de la fin du XVIII par Aline Zylberach piano, Etienne Mangot violoncelle , Aurélien Delage, flûte ancienne et piano .

Le 8 octobre à 16h30, notre saison se terminera par un concert d’œuvres d’Hélène de Montgeroult interprétées par Sandrine Buendia chant et Bénédicte Harlé sur un piano historique Clementi de 1801. Ce concert fera l’objet d’un enregistrement qui sera accessible aux membres de l’association, aux visiteurs du château et probablement distribué par la suite.

Journal de Montgeroult n°15 (mars 2023)

Par Jérôme Dorival

Nouveaux CD


Clare Hammond a enregistré 29 études de Montgeroult qui viennent de sortir chez bis records. A commander d’urgence ! On peut acquérir son enregistrement en allant sur le lien suivant :
https://bis.se/performers/hammond-clare/helene-de-montgeroult-etudes-1


Voici des extraits de la notice que Clare a tenu à rédiger elle-même :
[…] J’ai été stupéfaite à la découverte de ces études du Cours complet. Non seulement elles sont d’une qualité comparable à la musique de compositeurs comme Felix Mendelssohn et Robert Schumann, mais elles sont stylistiquement si avancées qu’elles remettent en question notre perception des périodes « classique » et « romantique ». Montgeroult n’avait que huit ans de moins que Mozart, mais sa musique est plus proche, par son esprit et sa substance, de celle de la génération romantique, qui fera son apparition des décennies plus tard. Son audace harmonique, la complexité de ses textures, l’importance accordée aux tonalités mineures plutôt que majeures et l’utilisation d’idiomes baroques sont des caractéristiques que nous associons explicitement au romantisme. Une telle prescience est extraordinaire et fait d’elle un véritable précurseur.

A une époque où les œuvres de Johann Sebastian Bach n’étaient guère connues et ne pouvaient être trouvées que difficilement, Montgeroult rendit hommage au Clavier bien tempéré dans certaines de ses études, annonçant ainsi les travaux ultérieurs de Mendelssohn, Brahms et Reger. Son adaptation de la forme-sonate dans l’étude n°74, avec son inversion des premiers et deuxième sujet dans la récapitulation et le choix de la tonalité est plus proche de Schubert que de ses contemporains. Montgeroult fut également l’une des premières à apprécier le potentiel artistique du genre de l’étude. Alors que ses contemporains s’intéressaient principalement à la dextérité mécanique, elle a composé des études qui font preuve d’une véritable profondeur expressive et ainsi ouvert la voie à la prolifération d’études de concert par la génération romantique.

La musique de Chopin, Mendelssohn, Schumann et même Brahms semble devoir beaucoup aux avancées de Montgeroult, et pourtant rien ne nous laisse croire qu’ils ont eu connaissance de son travail. Fanny et Félix Mendelssohn ont tous deux étudié avec une disciple de Montgeroult, la pianiste Marie Bigot, à Paris en 1816, et il semble que Friedrich Wieck ait utilisé les Cours complet dans le cadre de son enseignement. Cela laisse supposer que Clara et Robert Schumann ont pu connaitre cet ouvrage bien qu’ils n’en fassent pas mention. L’Étude n°106 de Montgeroult présente une ressemblance frappante avec les Prélude de choral op. 122 n°5 « Schmücke dich, o liebe Seele » de Brahms, composé plus de 80 ans plus tard. Plus significatif cependant est la valeur qu’elle accordait à l’imitation d’une ligne vocale au piano, une préoccupation rare à l’époque et d’une importance fondamentale pour les compositeurs des générations suivantes, notamment Chopin. Dans ce moule, son Étude n°110 est clairement un nocturne, dans son type, sinon dans son nom, et est directement contemporaine de ceux de John Field à qui l’on attribue souvent l’invention de cette forme.

Alors, comment une musique de cette qualité et offrant une telle perspective peut-elle avoir été complètement oubliée pendant si longtemps ? Le profil public de Montgeroult a toujours été très en retard sur sa réputation auprès des connaisseurs. D’abord cantonnée aux salons privés, elle n’a jamais embrassé une carrière d’interprète publique, même après la Révolution. Bien que son poste au Conservatoire lui ait offert une tribune, elle l’a quitté au bout de quelques années, semble-t-il pour des raisons de santé. Son biographe, le musicologue français Jérôme Dorival, suggère que la vraie raison était un sentiment d’incompatibilité artistique avec l’institution. Malgré le fait que sa propre méthode de piano, le Cours complet, était bien avancée, le conservatoire a choisi un collègue masculin de talent moindre, Jean-Louis Adam, fut choisi pour la rédaction du cours de piano officiel du Conservatoire.

Le Cours complet de Montgeroult, publié en 1816, en trois volumes, est une œuvre d’une grande connaissance, de profondeur et de vision artistique. Beaucoup plus coûteuse que les méthodes de piano comparables, sa musique était de plus considérée comme trop exigeante dans la France d’alors, davantage intéressée par l’Opéra-Comique. Montgeroult a commencé à composer des études à l’intention de son élève, Johann Baptist Cramer, qui avait également composé sa propre méthode de piano. Les deux ont travaillé en étroite collaboration pendant un certain temps et plusieurs études de Cramer contiennent des passages étonnamment similaires à ceux de Montgeroult. Bien que ses compositions ne fassent pas preuve de la même maitrise totale des formes musicales et de la subtilité harmonique que celle de Montgeroult, elles sont beaucoup plus populaires. Il n’existe que 24 exemplaires du Cours complet dans les bibliothèques du monde entier, mais on trouve en revanche 100 fois plus d’exemplaires conservés du Studio per il pianoforte de Cramer.

Les idées d’alors sur ce que pourrait être une femme compositrice voire son existence même ont également entravé la réception de la musique de Montgeroult. La plupart des comptes rendus de l’époque font l’éloge de son interprétation, de son talent d’improvisatrice et de son enseignement, mais négligent ses réalisations en tant que compositrice. Il semble qu’après sa mort, son fils unique, Horace His de la Salle, ne se soit pas donné la peine de conserver des archives de ses manuscrits et de ses lettres, peut-être parce qu’il n’en comprenait pas toute la portée artistique.

La plupart des compositeurs de la génération de Montgeroult ne s’attendaient pas à ce que leur musique leur survive. Aujourd’hui, nous sous-estimons la mesure dans laquelle la musique, même celle de compositeurs bien établis, est tombée dans l’obscurité après leur mort. Nous devons notre familiarité avec de nombreux noms connus aux efforts des musicologues de la fin du 19e siècle. Vivaldi, par exemple, était pratiquement inconnu jusqu’à sa redécouverte dans les années 1930. Bien entendu, pour être relancé, un compositeur doit être considéré comme digne d’attention. Peu de compositrices atteignent un tel statut, surtout si elles mènent une vie aussi privée que Montgeroult et laissé à la postérité aussi peu de traces matérielles. Ce n’est que dans les années 1990 que la valeur de Montgeroult a été véritablement appréciée par Jérôme Dorival, qui est depuis resté un défenseur dévoué et infatigable de son œuvre.

En tant qu’interprète, je suis parfaitement consciente des défis que représente la renaissance de la musique de compositeurs oubliés. En particulier, l’absence d’une tradition d’interprétation rend beaucoup plus difficile le développement d’une interprétation complète et nuancée de son œuvre. Lorsque j’entreprends par exemple une pièce de Beethoven, je me suis déjà familiarisée avec son style et j’ai entendu d’innombrables musiciens interpréter sa musique. Comme il y a encore très peu de gens qui jouent Montgeroult, nous faisons face à un manque de contexte où puiser. N’étant pas familière avec le style de Montgeroult, ce n’est qu’après une année d’étude intensive que j’ai trouvé une approche de la sonorité et de l’équilibre qui me convenait. Il m’a fallu du temps pour marier la souplesse de son toucher avec les nuances harmoniques et l’expression exacerbée que nous associons à une époque plus tardive. La subtilité de certaines des études les plus simples masque une profondeur d’expression et de perception qui ne se manifeste que plus tard. En tant qu’auditeur, il est également important de vivre avec cette musique pendant un certain temps pour en apprécier vraiment la valeur.

Découvrir la musique des études de Montgeroult alors qu’elles sont encore si peu connues, leur donner vie par le biais de mon instrument, puis les interpréter devant un public a été une expérience passionnante et souvent très émouvante. J’espère qu’elles atteindront la renommée et la popularité qu’elles méritent, et que ce disque fera découvrir à un public plus large l’étonnante musique d’Hélène de Montgeroult.

© Clare Hammond 2022

Je tiens à remercier Jérôme Dorival, dont les recherches approfondies sont à la base de ces notes sont basées, pour m’avoir fait découvrir l’œuvre de Montgeroult en 2019, et pour son généreux soutien et ses conseils prodigués par la suite. »

Les critiques parues dans les journaux : « Plongez-vous dans ce disque à tout moment et vous risquez d’être émerveillé, comme nous, par l’extraordinaire richesse et variété d’expression. […] Nul doute qu’à un moment donné, quelqu’un enregistrera bientôt la collection complète des Études de Montgeroult, mais il est peu probable qu’ils égalent, et encore moins surpassent, l’exploit de Clare Hammond sur ce nouvel album merveilleusement enregistré de BIS.  (Europadisque) « La plus grande surprise vient peut-être de la musique : 29 études d’Hélène de Montgeroult […] En écoutant la simplicité subtile de cette musique (redécouverte pour la première fois dans les années 1990), j’ai moi-même presque versé une larme. » (The Times) « Il y a des disques qui vont instantanément sur la pile de ceux qu’on a envie d’écouter encore et encore, heureusement, en boucle. A première vue, il est surprenant que ce soit l’un d’entre eux. Jusqu’à ces dernières années, Hélène de Montgeroult était une compositrice qui avait passé un siècle et demi dans l’obscurité […] La vraie gloire, cependant, est la dévotion de Hammond à cette musique et son pianisme immaculé. Elle est pianiste sur mille et on peut se féliciter qu’il y ait encore 85 études de Montgeroult à enregistrer, sans compter le reste de son œuvre. » (Arts présents) « En 2019, alors que je me produisais en France, j’ai été présentée au musicologue Jérôme Dorival. Il a consacré sa vie à faire revivre la musique d’Hélène de Montgeroult et il m’a montré certaines de ses partitions. J’ai été immédiatement frappée par la grande qualité de cette musique et par la vision de cette compositrice. […] Jérôme l’a décrite comme le « chaînon manquant entre Mozart et Chopin » – je suis entièrement d’accord ! » (Crescendo Magasine)

Clare Hammond vient de m’envoyer sa dernière vidéo, que vous pouvez voir en cliquant ici. Je suis certain que vous serez séduit, car Clare est encore en progrès – s’il est possible – par rapport au CD.


Marcia Hadjimarkos sortira vers le mois d’octobre un CD sur pianoforte consacré à Montgeroult, en compagnie de la mezzo-soprano Beth Taylor et du violoniste Nicolas Mazzoleni. C’est le premier CD réalisé sur un instrument d’époque, un pianoforte français de Neuhaus datant de 1817, merveilleusement restauré par monsieur Vion. Cet instrument possède des couleurs très belles et profondes, et les musiciens font des merveilles (Études, Nocturnes, Sonate avec accompagnement de violon)

Concerts 2022-23

Le nombre des concerts public dans lesquels on joue de la musique de Montgeroult explose cette année, et j’en ai déjà recensé 52 en 2022, enAllemagne, Angleterre, Espagne, Italie, Israël, France, États-Unis, Pays-Bas, Norvège et Brésil !
Prochain concert en France : Edna Stern, le 25 mars au théâtre d’Arras.

La saison de concerts à Montgeroult se terminera par un concert d’œuvres d’Hélène de Montgeroult interprétées par Sandrine Buendia chant et Bénédicte Harlé sur un piano historique Clementi de 1801. Ce concert fera l’objet d’un enregistrement qui sera accessible aux membres de l’association, aux visiteurs du château et probablement distribué par la suite.

Vidéos disponibles


Les documentaires sur Montgeroult commencent à être nombreux (les plus importants sont ceux que j’ai marqués d’un *) :

– *Florence Badol-Bertrand Hélène de Montgeroult, pianiste, compositrice et pédagogue https://www.youtube.com/watch?v=Z_vCr6Totw0&ab_channel=ConservatoireNationalSup%C3%A9rieurdeMusiqueetdeDansedeParis
– *Dominique Guerrero : entretien avec Jérôme Dorival https://www.youtube.com/watch?v=CKSwvnYY29Y&ab_channel=DominiqueGuerrero
– Edna Stern https://www.youtube.com/watch?v=TFQI40wKO0Y&ab_channel=PhilharmoniedeParis
et  https://www.youtube.com/watch?v=BdLYAO1uSow&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=mI9XEiho0jo&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=rW3n9MLDGEE&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=PoJX38waS_w&ab_channel=EdnaStern
– Claire Laplace https://www.youtube.com/watch?v=eb_9Cn1S5_M&ab_channel=CNSMDdeLyon
– Srta Corchea https://www.youtube.com/watch?v=jb2wd6WvUWQ&ab_channel=Srta.Corchea
– Anne Morvan https://www.youtube.com/watch?v=AjZ28p8eeIM&ab_channel=M%C3%A9diath%C3%A8queConservatoireLyon
– Sophie Boyer et Patricia Gil (avec les Nocturnes vocaux, de 26’38’’ à 41’55’’) https://www.youtube.com/watch?v=h9v9ob0o07c&ab_channel=VlogartMP4

https://youtu.be/xh1clrImjVU (Interview de Jérôme Dorival)
– Aliette de Laleu https://www.youtube.com/watch?v=PgRO5aRXhfY&ab_channel=FranceMusique
– *Florence Berthout reçoit Fabrice Guédy qui présente « La Marquise et La Marseillaise » https://www.youtube.com/watch?v=kuE0rxSzGbQ&ab_channel=RADIORCJ

Sur le Net

Je viens de faire le tour du Net au sujet de Montgeroult. Aujourd’hui (06/03/23) on trouve 270 vidéos la concernant, dont plus de cent sont des enregistrements d’une ou de plusieurs de ses œuvres. Les commentaires valent le détour : « Incroyable comme on retrouve l’esprit de Schumann, bien avant lui, dans cette compositrice. Elle fait chanter merveilleusement le piano », ou encore, celui d’une ancienne chanteuse professionnelle : « J’adore la musique de Montgeroult. On ne s’ennuie jamais, c’est si beau, si chantant, si riche de thèmes, d’harmonies ; chaque étude si différente… Sa musique a quelque chose de si personnel que je peux reconnaitre que j’écoute du Montgeroult comme je peux reconnaitre Mozart ou Fauré ! J’ai écouté tout ce qui existe comme enregistrement des Études… Sur YouTube récemment quelques pianistes intéressants commencent à les jouer mais on reconnaît qu’il n’y a pas de tradition, car parfois les tempi sont très différents… »

Une autre pianiste vient de déposer sur le Net six vidéos où elle joue du Montgeroult : il s’agit de l’ukrainienne Anna Shelest. Elle est dotée d’une virtuosité époustouflante.

Livre et partitions

Mon nouveau livre sur Hélène de Montgeroult est en cours de correction chez Symétrie. Il sera assez gros (plus de 500 pages !) et assez fouillé sur la plan historique (cette période, tellement complexe, m’a demandé des années de recherche) et musical (beaucoup d’analyses et d’exemples).
Je suis également en train de finaliser l’intégrale des partitions des sonates pour piano et celle des trois fantaisies, aux éditions Modulation.

– 17 novembre 2022 Jean-Philippe Guye, mon collègue et ami du conservatoire de Lyon, consacre une émission à Hélène de Montgeroult

https://lyl.live/show/musiques-sen-melent/

– En mars, sur Radio Clásica (Espagne) : un cycle de 8 émissions consacrées aux compositrices françaises qui ont marqué ces trois dernièrs siècles… Elaborando mi « Temas de música » para Radio Clásica RNE sobre compositoras francesas de los siglos XVIII, XIX y XX (Radiotelevisión Española)

– Rachel Stott (Londres) « je suis compositrice et altiste/viola d’amore et j’organise également un festival de musique ancienne à Londres », dans lequel est programmé un concert de Mozart, Beethoven, Montgeroult et peut-être aussi Haydn, par le baryton Jonathan Brown et le fortepianiste Steven Devine. Elle me confie le 17/02/23 « Le concert de ce soir était magnifique et les Nocturnes ont été très appréciés »

Journal Montgeroult n°14 (janvier 2023)

par Jérôme Dorival

Nouveaux CD


Clare Hammond a enregistré 29 études de Montgeroult qui viennent de sortir chez bis records. A commander d’urgence ! On peut acquérir son enregistrement en allant sur le lien suivant :
https://bis.se/performers/hammond-clare/helene-de-montgeroult-etudes-1
Voici la notice que Clare a tenu à rédiger elle-même :
« Née Hélène de Nervo, Hélène de Montgeroult (1764-1836) est issue d’une famille noble de Lyon et a fait preuve d’un talent musical précoce dès son enfance. Vers ses vingt ans, elle était considérée comme l’une des meilleures pianistes et improvisatrices de son temps, mais ses origines aristocratiques lui interdirent de poursuivre une carrière publique. Dans les dernières années de l’Ancien Régime, elle se marie avec le marquis de Montgeroult, et se produit dans les salons privés de l’artiste Madame Vigée-Lebrun, de la marquise de La Tour du Pin et de l’écrivaine Madame de Staël. En 1792, elle participe à une mission diplomatique secrète à Londres avec son mari, et revient en France quelques mois plus tard. En 1793, ils tentent d’atteindre le royaume de Naples en tant que diplomates mais sont capturés par des soldats autrichiens. Son mari est emprisonné, et meurt peu de temps après, tandis qu’Hélène est libérée. Dans une détresse totale, elle réussit à s’assurer le passage vers la France.

A son retour à Paris, Montgeroult travaille pour la Révolution, notamment au sein de l’Institut National de Musique, mais est de nouveau emprisonnée sous la Terreur. Lors de son procès devant le Comité de salut public, elle fut apparemment libérée après avoir improvisé une série de variations sur la Marseillaise qui émurent les juges aux larmes. Acceptée par les autorités, Montgeroult est nommée professeur de piano au Conservatoire de musique de Paris en 1795, première femme à occuper un tel poste. Elle commença alors à publier ses propres compositions, à commencer par les Trois Sonates, op. 1 en 1795. Les études ont été composées entre 1788 et 1812, puis publiées en 1816 dans le cadre du Cours complet pour l’enseignement du pianoforte. A sa mort, elle laisse 9 sonates, 3 fantaisies pour piano, des nocturnes pour voix et piano, 114 études et une multitude de pièces additionnelles.

J’ai été stupéfaite à la découverte de ces études du Cours complet. Non seulement elles sont d’une qualité comparable à la musique de compositeurs comme Felix Mendelssohn et Robert Schumann, mais elles sont stylistiquement si avancées qu’elles remettent en question notre perception des périodes « classique » et « romantique ». Montgeroult n’avait que huit ans de moins que Mozart, mais sa musique est plus proche, par son esprit et sa substance, de celle de la génération romantique, qui fera son apparition des décennies plus tard. Son audace harmonique, la complexité de ses textures, l’importance accordée aux tonalités mineures plutôt que majeures et l’utilisation d’idiomes baroques sont des caractéristiques que nous associons explicitement au romantisme. Une telle prescience est extraordinaire et fait d’elle un véritable précurseur.

A une époque où les œuvres de Johann Sebastian Bach n’étaient guère connues et ne pouvaient être trouvées que difficilement, Montgeroult rendit hommage au Clavier bien tempéré dans certaines de ses études, annonçant ainsi les travaux ultérieurs de Mendelssohn, Brahms et Reger. Son adaptation de la forme-sonate dans l’étude n°74, avec son inversion des premiers et deuxième sujet dans la récapitulation et le choix de la tonalité est plus proche de Schubert que de ses contemporains. Montgeroult fut également l’une des premières à apprécier le potentiel artistique du genre de l’étude. Alors que ses contemporains s’intéressaient principalement à la dextérité mécanique, elle a composé des études qui font preuve d’une véritable profondeur expressive et ainsi ouvert la voie à la prolifération d’études de concert par la génération romantique.

La musique de Chopin, Mendelssohn, Schumann et même Brahms semble devoir beaucoup aux avancées de Montgeroult, et pourtant rien ne nous laisse croire qu’ils ont eu connaissance de son travail. Fanny et Félix Mendelssohn ont tous deux étudié avec une disciple de Montgeroult, la pianiste Marie Bigot, à Paris en 1816, et il semble que Friedrich Wieck ait utilisé les Cours complet dans le cadre de son enseignement. Cela laisse supposer que Clara et Robert Schumann ont pu connaitre cet ouvrage bien qu’ils n’en fassent pas mention. L’Étude n°106 de Montgeroult présente une ressemblance frappante avec les Prélude de choral op. 122 n°5 « Schmücke dich, o liebe Seele » de Brahms, composé plus de 80 ans plus tard. Plus significatif cependant est la valeur qu’elle accordait à l’imitation d’une ligne vocale au piano, une préoccupation rare à l’époque et d’une importance fondamentale pour les compositeurs des générations suivantes, notamment Chopin. Dans ce moule, son Étude n°110 est clairement un nocturne, dans son type, sinon dans son nom, et est directement contemporaine de ceux de John Field à qui l’on attribue souvent l’invention de cette forme.

Alors, comment une musique de cette qualité et offrant une telle perspective peut-elle avoir été complètement oubliée pendant si longtemps ? Le profil public de Montgeroult a toujours été très en retard sur sa réputation auprès des connaisseurs. D’abord cantonnée aux salons privés, elle n’a jamais embrassé une carrière d’interprète publique, même après la Révolution. Bien que son poste au Conservatoire lui ait offert une tribune, elle l’a quitté au bout de quelques années, semble-t-il pour des raisons de santé. Son biographe, le musicologue français Jérôme Dorival, suggère que la vraie raison était un sentiment d’incompatibilité artistique avec l’institution. Malgré le fait que sa propre méthode de piano, le Cours complet, était bien avancée, le conservatoire a choisi un collègue masculin de talent moindre, Jean-Louis Adam, fut choisi pour la rédaction du cours de piano officiel du Conservatoire.

Le Cours complet de Montgeroult, publié en 1816, en trois volumes, est une œuvre d’une grande connaissance, de profondeur et de vision artistique. Beaucoup plus coûteuse que les méthodes de piano comparables, sa musique était de plus considérée comme trop exigeante dans la France d’alors, davantage intéressée par l’Opéra-Comique. Montgeroult a commencé à composer des études à l’intention de son élève, Johann Baptist Cramer, qui avait également composé sa propre méthode de piano. Les deux ont travaillé en étroite collaboration pendant un certain temps et plusieurs études de Cramer contiennent des passages étonnamment similaires à ceux de Montgeroult. Bien que ses compositions ne fassent pas preuve de la même maitrise totale des formes musicales et de la subtilité harmonique que celle de Montgeroult, elles sont beaucoup plus populaires. Il n’existe que 24 exemplaires du Cours complet dans les bibliothèques du monde entier, mais on trouve en revanche 100 fois plus d’exemplaires conservés du Studio per il pianoforte de Cramer.

Les idées d’alors sur ce que pourrait être une femme compositrice voire son existence même ont également entravé la réception de la musique de Montgeroult. La plupart des comptes rendus de l’époque font l’éloge de son interprétation, de son talent d’improvisatrice et de son enseignement, mais négligent ses réalisations en tant que compositrice. Il semble qu’après sa mort, son fils unique, Horace His de la Salle, ne se soit pas donné la peine de conserver des archives de ses manuscrits et de ses lettres, peut-être parce qu’il n’en comprenait pas toute la portée artistique.

La plupart des compositeurs de la génération de Montgeroult ne s’attendaient pas à ce que leur musique leur survive. Aujourd’hui, nous sous-estimons la mesure dans laquelle la musique, même celle de compositeurs bien établis, est tombée dans l’obscurité après leur mort. Nous devons notre familiarité avec de nombreux noms connus aux efforts des musicologues de la fin du 19e siècle. Vivaldi, par exemple, était pratiquement inconnu jusqu’à sa redécouverte dans les années 1930. Bien entendu, pour être relancé, un compositeur doit être considéré comme digne d’attention. Peu de compositrices atteignent un tel statut, surtout si elles mènent une vie aussi privée que Montgeroult et laissé à la postérité aussi peu de traces matérielles. Ce n’est que dans les années 1990 que la valeur de Montgeroult a été véritablement appréciée par Jérôme Dorival, qui est depuis resté un défenseur dévoué et infatigable de son œuvre.

En tant qu’interprète, je suis parfaitement consciente des défis que représente la renaissance de la musique de compositeurs oubliés. En particulier, l’absence d’une tradition d’interprétation rend beaucoup plus difficile le développement d’une interprétation complète et nuancée de son œuvre. Lorsque j’entreprends par exemple une pièce de Beethoven, je me suis déjà familiarisée avec son style et j’ai entendu d’innombrables musiciens interpréter sa musique. Comme il y a encore très peu de gens qui jouent Montgeroult, nous faisons face à un manque de contexte où puiser. N’étant pas familière avec le style de Montgeroult, ce n’est qu’après une année d’étude intensive que j’ai trouvé une approche de la sonorité et de l’équilibre qui me convenait. Il m’a fallu du temps pour marier la souplesse de son toucher avec les nuances harmoniques et l’expression exacerbée que nous associons à une époque plus tardive. La subtilité de certaines des études les plus simples masque une profondeur d’expression et de perception qui ne se manifeste que plus tard. En tant qu’auditeur, il est également important de vivre avec cette musique pendant un certain temps pour en apprécier vraiment la valeur.

Découvrir la musique des études de Montgeroult alors qu’elles sont encore si peu connues, leur donner vie par le biais de mon instrument, puis les interpréter devant un public a été une expérience passionnante et souvent très émouvante. J’espère qu’elles atteindront la renommée et la popularité qu’elles méritent, et que ce disque fera découvrir à un public plus large l’étonnante musique d’Hélène de Montgeroult.

© Clare Hammond 2022

Je tiens à remercier Jérôme Dorival, dont les recherches approfondies sont à la base de ces notes sont basées, pour m’avoir fait découvrir l’œuvre de Montgeroult en 2019, et pour son généreux soutien et ses conseils prodigués par la suite. »


Marcia Hadjimarkos sortira vers le mois de mai un CD sur pianoforte consacré à Montgeroult, en compagnie de la mezzo-soprano Beth Taylor et du violoniste Nicolas Mazzoleni. C’est le premier CD réalisé sur un instrument d’époque, un pianoforte français de Neuhaus datant de 1817, merveilleusement restauré par monsieur Vion. Cet instrument possède des couleurs très belles et profondes, et les musiciens font des merveilles

Concerts 2022

Le nombre des concerts public dans lesquels on joue de la musique de Montgeroult explose cette année, et j’en ai déjà recensé 47, enAllemagne, Angleterre, Israël, France, États-Unis, Pays-Bas, Espagne et Brésil !

Vidéos disponibles

Documentaires
Les documentaires sur Montgeroult commencent à être nombreux :

– Florence Badol-Bertrand Hélène de Montgeroult, pianiste, compositrice et pédagogue https://www.youtube.com/watch?v=Z_vCr6Totw0&ab_channel=ConservatoireNationalSup%C3%A9rieurdeMusiqueetdeDansedeParis
– Dominique Guerrero : entretien avec Jérôme Dorival https://www.youtube.com/watch?v=CKSwvnYY29Y&ab_channel=DominiqueGuerrero
– Edna Stern https://www.youtube.com/watch?v=TFQI40wKO0Y&ab_channel=PhilharmoniedeParis
et  https://www.youtube.com/watch?v=BdLYAO1uSow&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=mI9XEiho0jo&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=rW3n9MLDGEE&ab_channel=EdnaStern
et https://www.youtube.com/watch?v=PoJX38waS_w&ab_channel=EdnaStern
– Claire Laplace https://www.youtube.com/watch?v=eb_9Cn1S5_M&ab_channel=CNSMDdeLyon
– Srta Corchea https://www.youtube.com/watch?v=jb2wd6WvUWQ&ab_channel=Srta.Corchea
– Anne Morvan https://www.youtube.com/watch?v=AjZ28p8eeIM&ab_channel=M%C3%A9diath%C3%A8queConservatoireLyon
– Sophie Boyer et Patricia Gil (avec les Nocturnes vocaux, de 26’38’’ à 41’55’’) https://www.youtube.com/watch?v=h9v9ob0o07c&ab_channel=VlogartMP4

https://youtu.be/xh1clrImjVU (Interview de Jérôme Dorival)
– Aliette de Laleu https://www.youtube.com/watch?v=PgRO5aRXhfY&ab_channel=FranceMusique
– Florence Berthout reçoit Fabrice Guédy qui présente « La Marquise et La Marseillaise » https://www.youtube.com/watch?v=kuE0rxSzGbQ&ab_channel=RADIORCJ

Livre et partitions

Mon nouveau livre sur Hélène de Montgeroult est en cours d’édition chez Symétrie. Je viens de signer le contrat. Il sera assez gros (plus de 500 pages !) et assez fouillé sur la plan historique (cette période, tellement complexe, m’a demandé des années de recherche) et musical (beaucoup d’analyses et d’exemples).
Je suis également en train de finaliser l’intégrale des partitions des sonates pour piano et celle des trois fantaisies, aux éditions Modulation.

14 novembre 2022

Concert le 2 octobre 2022

Le dimanche 2 octobre 2022 à 17h, Clare Hammond donnera un concert au pianoforte, avec des œuvres de Montgeroult, Chopin, Mendelssohn, Schubert et Clara Schumann. En partenariat entre l’association des Amis d’Hélène de Montgeroult et le Festival baroque de Pontoise.

Accès : château de Montgeroult, 9 rue du Fruchot, 95650 Montgeroult.

Train : gare de Montgeroult, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Gisors. Durée du trajet : 56′

Voiture : autoroute A 15, sortie 13. Durée du trajet : environ 40 minutes.

Trois concerts le 18 septembre 2022

Le dimanche 18 septembre 2022, l’ensemble Le Concert Brisé donnera trois concerts à l’église de Boissy-l’Aillerie à 15h, 16h et 17h. Le public y entendra de la musique du XVIe siècle et les instrumentistes leur feront découvrir l’art de la diminution.

Accès : église de Boissy-l’Aillerie, 1-7, rue Ferdinand Jacob 95650 Boissy-L’Aillerie

Train : gare de Boissy-L’Aillerie, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Gisors. Durée du trajet : 54′

Voiture : autoroute A 15, sortie 13. Durée du trajet : environ 40 minutes.

Boissy l’Aillerie, église

18.09.2022

Le chant des oiseaux ou l’esprit de la diminution

Les ornements et les accents se font en brisant et rompant les notes, en ajoutant une quantité de notes qui ont nature d’être plus rapidement exécutées. Ils donnent tant de plaisir et de délectation, qu’on dirait entendre un grand nombre d’oiseaux dressés, qui, de leur chant, nous ravissent le cœur et nous laissent tout émus.

Zacconi, Prattica di Musica, 1596.

Concert I

Anon. Pavane El bisson e sua gagliarda

Jacques Arcadelt : Il bianco e dolce Cigno

Andrea. Gabrieli Egredimini et videte passeggiata (claviers)

Andrea Gabrieli Maria Stabat ad monumentum

Pierre Attaignant basse danse La Brosse

Concert II

Anon. La paduana del Re e sua gagliarda

Philippe Verdelot Italia mia

Suite de danses (Intabulatura nova, Venice, 1551),

Pass’e mezzo nuovo primo/Gamba gagliarda/Le force d’hercule

Fusi pavana a piana/Saltarello del Re

Josquin des Prez Mille regrets

Anon Il Ballo del gran duca

Concert III

Pierre Attaignant basse danse La Brosse ou Pavane Gaillarde (Dutertre, 1557)

Cipriano de Rore Anchor che col partire

Antonio Cabezon différencias sobre la gallarda milanesa

Nicolas Gombert: Dezilde al caballero

Anon. Aria e saltarello sopra La Monica ou Une jeune fillette

« Et parce que cet instrument [le cornet] doit sonner la Musique presque toute en diminution, il est nécessaire que celuy qui veut apprendre à en ioiier, sçache composer, & qu’il soit bon Musicien, afin qu’il fasse, les fredóns & les diminutions bien à propos ». Marin Mersenne, Harmonie Universelle, Paris, 1636, Livre cinquiesme des instruments, p. 275.

[Indications sous réserve de changements mineurs]

La majeure partie des diminutions est écrite selon les préceptes du grand joueur d’instrument Silvestro Ganassi (1492/après 1565) selon les recommandations données dans son ouvrage didactique La Fontegara (Venise, 1535). Dans ce cadre, nous avons laissé néanmoins une grande place à l’improvisation de diminutions plus personnelles.

La diminution, le fait de fractionner la durée d’une note, en jouant plus de notes que le support musical n’en comporte, est une pratique partagée par toutes les musiques savantes, populaires, écrites ou orales. Cette pratique est abondamment décrite de la Renaissance à la fin de l’ère baroque dans tous les pays d’Europe. La partition imprimée, dès 1500, n’était que le squelette de l’œuvre musicale : squelette exprimant la perfection du monde des nombres, par le jeu des proportions et des règles du contrepoint. Ce squelette était nécessairement habillé de diminutions et d’ornements destinés à « embellir le corps musical ». Cette pratique « ordinaire », normale et normative a eu, virtuosité oblige, son côté «extraordinaire». La diminution, absente de la partition, est encore plus : elle est un élément essentiel de l’œuvre musicale même. Marin Mersenne, comme Zacconi, compare la diminution (bien conçue et bien exécutée) au chant des oiseaux :

Mais de toutes les Nations qui apprennent à chanter, et qui font les passages de la gorge, les Italiens mesme qui font une particuliere profession de la Musique, et des recits, avoüent que les François font le mieux les passages, dont il n’est pas possible d’expliquer la beauté et la douceur, si l’oreille ne les oit, car le gazoüil ou le murmure des eaux, et le chant des rossignols n’est pas si agreable; et ie ne trouve rien dans la nature, dont le rapport nous puisse faire comprendre ces passages, qui font plus ravissans que les fredons, car ils sont la quinte-essence de la Musique. Marin Mersenne Harmonie universelle, Livre second des chants, p. 40.

La puissance de l’expression musicale liée à la diminution est, selon Marin Mersenne, une constatation de la raison :

Or si l’on doit iuger de la methode de chanter par la raison, il faut confesser que celle qui a plus de puissance sur les auditeurs est la meilleure, car cette delicatesse de passages que les meilleurs Maistres enseignent n’ont point d’autre plus grand effet qu’un certain chatoüillement d’oreille, qui semble passer iusques à l’esprit et au coeur, particulierement quand ils sont soustenus, et qu’ils durent long-temps. Marin Mersenne, Harmonie Universelle, Livre premier des Chants, p. 42.

La diminution, d’essence vocale, n’est l’apanage exclusif de la voix, ni d’aucun instrument. Marin Mersenne attend aussi des cornettistes qu’ils maitrisent cet art et ce, dans l’exécution de la musique, de manière quasi continue :

« Et parce que cet instrument [le cornet] doit sonner la Musique presque toute en diminution, il est nécessaire que celuy qui veut apprendre à en ioiier, sçache composer, & qu’il soit bon Musicien, afin qu’il fasse, les fredóns & les diminutions bien à propos». Marin Mersenne, Harmonie Universelle, Paris, 1636, Livre cinquiesme des instruments, p. 275.